(1ère partie)

Grâce aux dessins de Michel BOUILLOT, voici le Lavoir de Boisy, aujourd’hui disparu, comme il fut construit, après beaucoup de difficultés, comme nous vous le relatons ci-après.

PHOTO

A l’emplacement du lavoir, les arbres sont restés.

Extrait du registre des délibérations du Conseil Municipal (25 juin 1848)

PHOTO

La prairie a repris ses droits

Une année plus tard… 1849

PHOTO

PHOTO

Mais la rivière est toujours là

Une année plus tard… (1850)

PHOTO

« L’an mil huit cent quarante-huit et le vingt-cinq juin, le Conseil Municipal de la Commune de Chevagny les Chevrières, convoqué extraordinairement sous la présidence de Mr. Le Maire, étaient présents, MM. Bouillard Joseph, Michelon Etienne, Montel Pierre, Robert Pierre, Barbier Jean-Marie, Charlet François, Deshaires Jean-Baptiste et Brosse Etienne.

Monsieur le Maire a exposé au Conseil Municipal que les habitants de la Commune de Chevagny les Chevrières n’ayant pas de lavoir public réclamaient depuis longtemps de l’autorité compétente d’en faire construire un. Comme la commune possède une source très abondante et dans une position fort confortable pour un lavoir, à cet effet il a été fait dresser un plan et un devis estimatif de la dépense dont la somme est de 1469 francs et 78 centimes. Il a ensuite invité le Conseil à examiner la demande faite ci-dessus et à prendre une délibération.

Le Conseil, après avoir entendu l’exposé du Maire et examiné le plan et le devis des travaux à exécuter, sentant l’importance de faire droit aux réclamations des habitants de la Commune et attendu qu’il n’existe aucun lavoir, considérant que la Commune possède une source très abondante et dans un lieu très convenable pour en faire construire un,

1°) Qu’il approuve en son entier le plan et le devis estimatif pour la construction d’un lavoir

2°) Qu’il vote pour l’exécution de ce travail la somme de quatorze cent soixante-neuf francs soixante-dix-huit centimes

3°) Pour arriver plus promptement à l’exécution de ces travaux et profiter de l’offre des habitants qui s’engagent de faire les fouilles à leur frais, ce qui sera une économie pour la Commune, le conseil demande l’autorisation de faire cette construction par voie de régie sous les ordres de Monsieur le Maire.

Délibéré à Chevagny les Chevrières les jours, mois et an ci-dessus et ont signé au registre : MM Bourdon, Bouillard Joseph, Michelon Etienne, Montel Pierre, Barbier Jean-Marie, Charlet François, Deshaires Jean-Baptiste, Brosse Etienne et Robert Pierre, présent ne sachant signer. – Chevagny les Chevrières le 25 Juin 1848. »

-Brosse a été présent a déclaré ne vouloir signer-

« L’an mil huit cent quarante-neuf et le cinq Août, le Conseil Municipal de la Commune de Chevagny les Chevrières réuni pour faire sa 3ième session ordinaire, au nombre de 9 membres, à savoir : MM. Brosse maire, Barbier Jean-Marie, Robert Pierre, Thouzet Antoine, Bourdon André, Bouillard Joseph, Mornant Louis, et Galland Benoît.

Monsieur le Maire a ouvert la séance en rappelant au Conseil que l’Administration présente a fait dresser et rédiger des plans et devis pour la construction d’un lavoir communal en Boisy dont la dépense s’élève à 1469 frs et 78 cts, que le besoin d’un lavoir se faisant de plus en plus sentir, il convient qu’il soit construit le plus promptement possible, il a ensuite invité l’assemblée à en délibérer.

Le Conseil Municipal, considérant que la commune peut faire face à la dépense projetée pour la construction d’un lavoir dont l’utilité est indispensable délibère :

1°) Que la commune de Chevagny les Chevrières demande à être autorisée à construire un lavoir communal en Boisy, conformément aux plans et devis dressés par Monsieur Langeron le 16 Juin 1848 et dont la dépense s’élève à 1469 frs et 78 cts

2°) Que les travaux doivent être exécutés en régie par les soins de Monsieur le Maire ainsi que le Conseil l’a demandé par la délibération du 25 Juin 1848.

Ainsi délibéré à Chevagny les Chevrières le cinq août  mil huit cent quarante-neuf et ont, les membres, signé à l’exception de Robert Pierre et Thouzet Antoine qui ont déclaré ne le savoir »

«  L’an mil huit cent cinquante le huit août, le Conseil Municipal de la Commune de Chevagny les Chevrières, réuni au lieu ordinaire de ses séances sous la présidence de Monsieur le Maire pour sa session ordinaire du mois d’août 1850.

Présents à la séance, MM. Brosse Etienne, maire, Barbier Jean-Marie, adjoint, Delacroix Alfred, Bouillard Joseph, Bourdon André, Galland Benoît, Michelon Etienne, Robert Pierre, Mornant Louis.

Monsieur le Maire a ouvert la séance et a déposé sur le bureau de l’assemblée toutes les pièces relatives à la construction du lavoir de Boisy, lequel a été construit en régie suivant l’autorisation de Monsieur le Préfet, en date du 17 Août 1849 et suivant la délibération du Conseil Municipal du 5 du même mois. Il a ensuite invité le Conseil Municipal a délibérer.

Le Conseil Municipal, après avoir soigneusement examiné toutes les pièces concernant ces constructions et s’être fait présenter les quittances à l’appui, donne pleine et entière adhésion aux dépenses qu’a faites Monsieur le Maire.

Le montant du devis s’élevait à 1496 frs 78 cts

La somme votée par le Conseil s’élevait à 1469 frs 78 cts

La dépense en suite des mémoires fournis s’élève à 1681 frs 17 cts

La différence, montant à Deux Cent Onze Frs Trente-Neuf Cts, provient de l’augmentation de plusieurs matériaux qui n’étaient point portés au devis à un chiffre suffisant.

Le Conseil note cette somme de Deux Cent Onze Frs Trente-Neuf Cts qui sera prise sur l’excédent des recettes du budget de 1850.

Ainsi délibéré à Chevagny les Chevrières les jours, mois et an susdits et ont signé MM. Les membres présents, à l’exception de Mr. Robert qui a déclaré ne le savoir »

Cinq années plus tard…(1855)

PHOTO

«  L’an mil huit cent cinquante-cinq et le trentième septembre, les membres composant le Conseil Municipal de Chevagny les Chevrières, réunis extraordinairement au lieu ordinaire de ses séances sous la présidence de Monsieur Joseph Charles Noël Alexandre Rivière de Larque, Maire de ladite commune en vertu de l’autorisation de Monsieur le préfet du huit septembre du présent mois.

Etaient présents : MM Mornant Louis, Bouillard Joseph, Charlet François, Michelon Etienne, Bourdon André, Courtois Jean, Barbier Jean-Marie, Chanut Pierre, Senaillet Benoît et Catherin Benoît.

-Vu la loi du 18 Juillet 1837, (Article 31 de cette loi)

-Vu l’arrêté projeté par Monsieur le Maire dont la teneur suit :

Le vingt-six septembre mil huit cent cinquante-cinq, nous Maire de la Commune de Chevagny les Chevrières, canton (nord) de Mâcon ‘Saône et Loire),

Considérant qu’aux termes du paragraphe septième de l’article 31 de la loi sur l’administration municipale en date du 18 Juillet 1837, les permis de stationnement sur les rivières rentrant dans la composition des recettes ordinaires des communes,

Considérant que la Commune de Chevagny les Chevrières possède un lavoir public (couvert) dit « En Boisy », construit à grands frais sur une petite rivière qui coule sur son territoire et dont les habitants ont acquitté  leur permis de stationnement ou d’usage à tout jamais, tant par des dépenses en espèces mises à la charge de la caisse communale, que par des journées volontaires de prestations en hommes, bestiaux et voitures pour la construction dudit lavoir,

Considérant que ce lavoir public est souvent envahi par des personnes étrangères à la Commune au point qu’il est arrivé plusieurs fois que les habitants de la Commune n’ont pu y trouver place,

Considérant qu’il serait utile pour la Commune en même temps qu’il serait juste à l’égard de tout habitant qu’il fut pris des mesures pouvant minimiser l’affluence des personnes étrangères qui fréquentent le lavoir en question et pouvant en même temps procurer au budget des ressources équitables et légales,

Arrêtons :

-Article Premier : Toute personne étrangère à la Commune de Chevagny les Chevrières par sa résidence, qui se présentera désormais pour faire usage du lavoir public en question, soit pour son propre compte soit comme mercenaire pour des étrangers, sera tenue de payer immédiatement entre les mains d’un préposé communal la somme de Cinq Centimes avant midi et également de Cinq Centimes après-midi pour le reste de la soirée.

-Article 2 : En cas de refus ou de contestation sur l’heure de la présence des personnes faisant usage du lavoir, le garde champêtre de la Commune déclarera et dressera procès-verbal dans les vingt-quatre heures, comme en matière de délit rural et les récalcitrants seront traduits devant Monsieur le Juge de Paix pour se voir condamnés au payement de la taxe exigée et aux frais.

Article 3 : Le Sieur Charnay Pierre, garde champêtre de la Commune de Chevagny les Chevrières est chargé, sous notre contrôle, de percevoir la taxe fixée par l’article 1er du présent arrêté et d’en faire un versement hebdomadaire entre les mains de Monsieur le Receveur Municipal dont il nous apportera les reçus.

-Article 4 : Expédition du présent arrêté dûment approuvé sera affiché non seulement aux lieux accoutumés mais encore dans l’intérieur de lavoir public de Boisy.

Fait et arrêté à la Mairie de Chevagny les Chevrières, le 30 septembre 1855. Signé Rivières de Larque.

Le Conseil Municipal à l’unanimité approuve le présent arrêté dans tout son contenu et sa teneur, sauf les modifications ci-après :

-Toute personne étrangère à la Commune qui se présentera au lavoir pour y laver, ne pourra prendre aucune place de préférence, malgré l’offre d’acquitter la taxe fixée, s’il se présente en même temps des personnes de la Commune de Chevagny les Chevrières, celles-ci auront le privilège de s’installer les premières et les personnes étrangères devront ajourner leur lavage après celles de la Commune de Chevagny les Chevrières.

Ainsi fait et délibéré en la maison commune du dit lieu, les ans, mois et jour que dessus et tous ont signé à l’exception de MM Courtois Jean et Senaillet Benoît qui ont déclaré ne le savoir faire de ce enquis……….

(2ème partie)

Nous vous avons conté, l’année dernière, les difficultés de sa construction voici donc les différentes étapes qui ont conduit à sa disparition*

Nous avons laissé l’histoire du lavoir en 1855, avec l’arrêté du Conseil Municipal du 30 Septembre, qui a décidé de taxer les personnes étrangères à la commune qui se présenteraient au lavoir, et chargé le Garde Champêtre de contrôler et percevoir la dite taxe. (Dont on ne retrouve jamais les montants dans les comptes de la commune)…

La vie au lavoir semble paisible et les différents comptes rendus des conseils municipaux ne relatent pas de soucis particuliers, si ce n’est son éloignement du cœur du village et la peine occasionnée pour remonter les brouettes…et c’est pourquoi, le 8 Août 1880,

« Le Conseil, voulant utiliser les eaux provenant de sources situées dans le voisinage du puits Barraud, décide qu’il sera établi un lavoir public avec abreuvoir sur un terrain communal situé à l’entrée du bourg et attenant au chemin N° 94, et note à cet effet une somme de sept cent francs qui sera prise sur les milles francs à payer par Mr. PICARD. (Nous n’avons pas trouvé de précisions sur les raisons de cette somme due par ce monsieur)

La construction du lavoir du bourg, initiée en 1880 et réalisée en 1885, devant la mairie actuelle, (dont nous vous conterons peut-être les difficultés de réalisation l’année prochaine), a apporté un peu plus de confort aux lavandières d’autant que l’eau y était moins froide qu’en Boisy, la source du ruisseau s’appelant « Froide fontaine »

Les années passent, rythmées par les saisons, les travaux des champs et de la vigne. On peut supposer qu’au fil du temps le lavoir de Boisy est plus ou moins tombé en désuétude et son utilisation très aléatoire.

Le 12 Juin 1898, lors de sa session, le Conseil Municipal décide d’assurer les 2 lavoirs contre l’incendie.

On ne retrouve trace des lavoirs que le 12  Février 1905 lors d’un vote par le Conseil Municipal d’un crédit de 107 Francs et 10 centimes pour diverses réparations indispensables.

De même, le 21 Février 1908 une réparation de la canalisation du lavoir, tuyaux et maçonnerie est effectuée pour la somme de 202 francs + 25 francs 25 centimes.

Plus de remarques, ni de travaux, mentionnés aux diverses délibérations concernant ce lavoir,                                                                                           jusqu’au 25 Juin 1933

« Le maire expose au Conseil Municipal que le ruisseau dit « En Boisy », traversant des propriétés particulières est dans un état d’abandon et qu’il serait utile qu’il soit fait des réparations surtout en aval du chemin rural conduisant au moulin Journet qui est de ce fait submergé par les eaux en temps de crue.

Le Conseil, après en avoir délibéré et reconnu l’urgence de ces réparations demande qu’il soit procédé le plus tôt possible au fourreautage et au curage dudit ruisseau de Boisy »

« Monsieur le Maire expose au Conseil que le lavoir de Boisy aurait besoin réparations. Le Conseil, d’accord pour entretenir cet édifice qui pourrait être utilisé ultérieurement pour entreposer du matériel, décide de demander à un entrepreneur un devis pour la réparation de la charpente, de contacter un acheteur éventuel pour certaines pierres et donne tous pouvoirs au Maire pour vendre ces pierres à l’amiable, au mieux. »

Cette décision, de vendre les pierres, n’est que le début du démantèlement du lavoir

28 Février 1980

« Monsieur le Maire donne connaissance, au Conseil, du devis établi par M. Charmond de Mâcon pour la réparation des toitures du lavoir de Boisy et du four Communal, devis se montant à 32 120,90.

Le Conseil décide de mander un devis à un autre entrepreneur. »

9 Mai 1980

« Monsieur le Maire donne connaissance au Conseil, des devis établis par M.M. Charmond, Monnery et Dorey, pour la réfection des toitures du lavoir de Boisy et du local des Pompiers. Le Conseil accepte le devis présenté par M. Dorey pour la réfection du toit du local des Pompiers et s’élevant à 6 195,23 F.

En ce qui concerne le lavoir de Boisy, l’assemblée décide de retenir le devis de M. Charmond, mais de ne faire effectuer que le remplacement de la ferme défectueuse (3 856,10 F.) »

27 Septembre 1980

« Monsieur le Maire rend compte au Conseil de la vente au prix de 3 000 F. des pierres du lavoir de Boisy, vente décidée lors de la réunion de 17 Janvier 1980 »

26 Mars 1981

« Monsieur Lapierre Jean-Marie, membre de la Commission des bâtiments présente le rapport de cette commission concernant les travaux à effectuer dans les bâtiments communaux. Lavoir de Boisy – Enduire le mur côté rivière sur les 2 faces et côté pré Nord. Avant le remblaiement du lavoir, faire poser une canalisation de drainage »

25 Juin 1981

« Le Conseil Municipal entend, ensuite un exposé de M. le Maire concernant les travaux de voirie en cours ou qui doivent être réalisés d’ici la fin de l’année.

Il indique que les pierres du lavoir de Boisy qui ont été vendues, sont maintenant enlevées et qu’il y a lieu de faire niveler le local »

3 Septembre 1981

« Le Conseil décide de faire déblayer le lavoir de Boisy par l’Entreprise SO.CA.FL, lorsqu’elle sera sur place pour les travaux d’assainissement »

21 Novembre 1981

« Remblaiement du lavoir de Boisy – A été effectué par la SO.CA.FL.

4 Septembre 1990

29 Janvier 1991

26 Janvier 1993

Et c’est donc bien notre agent communal actuel, Alain, qui avec un certain Jean-Claude,(engagé en CES au mois de janvier et qui démissionnera le 15 Avril de la même année) a effectué la démolition des restes du lavoir, en sauvegardant tout ce qu’il a pu, pour éviter le vandalisme très fréquent sur les vieilles pierres..

Quelques-unes des pierres récupérées ont retrouvé une seconde vie lors de la réalisation de «  L’espace Four à Pain », les dernières dorment sagement dans les ronces et les orties au dépôt, en Buchat, en attendant d’être peut-être, un jour, réemployées……à d’autres fins.

*****************

A.L.